Visite à Milan du Club SI Genève-Rhône pour l’anniversaire du Club SI Milano Fondatore

À Milan 90 ans pétillants

Prologue
Au mois de septembre 2016, nous avions eu le plaisir de voir débarquer à Genève 60 Soroptimistes de notre Sister Club Milano Scala et d’autres Clubs de Lombardie pour une visite de la ville et du CERN. À la suite de ce riche week-end de partage, nous nous étions promises de rendre à notre tour visite aux amies de Milan dès que possible. Une promesse est une promesse, et quelle meilleure occasion pour la tenir que les 90 ans du Club Milano Fondatore en 2018 ?
Detto fatto : c’est parti pour l’organisation de cette aventure.

Vendredi 19 octobre 2018
Cela n’est pas difficile d’imaginer le départ en car des amies de Genève-Rhône, de Genève Fondateur et des quelques membres d’autres Clubs de Suisse romande et de France voisine : l’attente sur le trottoir lorsqu’il fait encore nuit, les « je crois que j’ai oublié quelque chose », les rigolades au fond du bus qui évoquent plein de souvenirs de courses d’école.
En fin d’après-midi, l’accueil milanais se fait à la Tree House de la UniCredit Tower, dont la flèche qui se lance vers le ciel le consacre comme le plus haut gratte-ciel d’Italie. Conçu par l’architecte César Pelli, il fait partie du nouveau quartier dit Centro Direzionale, avec ses bâtiments futuristes et innovateurs, et donne sur la place dédiée à la grande architecte italienne Gae Aulenti (1927-2012). C’est une émotion de se promener dans ce centre : réalisé grâce au réaménagement d’une zone urbaine désaffectée, situé juste à côté des immeubles « vivants » de la forêt verticale, enrobés de verdure luxuriante, il marque aujourd’hui l’histoire de l’architecture contemporaine en Italie. Un bel exemple de renaissance d’un endroit anonyme et défavorisé par le biais d’actes créatifs d’excellence : les merveilles italiennes n’appartiennent pas qu’au passé !
Le soir, nous nous retrouvons au Théâtre La Scala pour le ballet L’histoire de Manon, avec Roberto Bolle – considéré à présent comme le plus grand danseur classique au monde – et Svetlana Zacharova, étoile du Théâtre Bolchoï de Moscou. Dans le hall du théâtre, sous les lustres et le regard des statues des grands musiciens (tous des hommes), parmi les boiseries, les miroirs et les décorations en stuc, les flashes ne s’arrêtent pas. On se croirait à la Prima, assiégés par les photographes des magazines People : eh bien non, c’est nous les paparazzi, nos appareils n’arrêtent pas de mémoriser visages, mises et sourires.
Tiré du roman de l’Abbé Prévost Manon Lescaut (1731), L’histoire de Manon n’est pas une histoire d’émancipation féminine – bien au contraire ! – et c’est frappant de constater comme la violence subie par l’héroïne sur scène reste – hélas – d’actualité presque trois siècles plus tard. Pour l’instant, toutefois, nous nous laissons porter par la magie et la poésie qui nous entourent. Roberto Bolle et Svetlana Zacharova touchent des cordes profondes dans tout
spectateur. Mélange impressionnant de force des muscles et grâce du mouvement, ils font de leurs corps les instruments d’une beauté absolue. Parmi le public, il y en a qui ont les larmes aux yeux, et il ne s’agît pas que de dames délicates : on voit des messieurs bien solides et corpulents le mouchoir à la main ! C’est peut-être aussi la mémoire dont ces murs sont imprégnés…
Après les pizzas et les pâtes de minuit, cela demande un certain effort de se lever tôt le lendemain matin, mais les parfums et les bruits qui montent de la salle à manger de l’hôtel sont bien motivants.

Samedi 20 octobre 2018
Avec Donatella Benjamin (Genève-Fondateur) et Anita Waser (Genève-Rhône), nous voilà à nouveau en route vers le Centro Direzionale, où aura lieu le congrès prévu dans la matinée. Pour les autres participants, une visite à la découverte de la ville est programmée.
Le congrès, « Donne che costruiscono il futuro » (« Femmes qui construisent le futur »), est axé sur deux sujets principaux : la violence faite aux femmes – combien de Manons font la une aujourd’hui en Italie, où même les féminicides sont désormais devenus partie du quotidien ? – et les professions féminines du futur. Nombre d’interventions remarquables et stimulantes s’enchaînent dans un beau moment de sororité à la fois dans l’amitié et dans l’engagement, deux qualités qui font la force et l’efficacité du Soroptimist.
À signaler, dans ce cadre, les considérations du psychologue Arturo Sica concernant le rôle de l’homme dans la violence faite aux femmes, entre stéréotypes, éducation et nouvelles sensibilités, ainsi que le travail effectué sur le plan historique par Monica Amari (Milano Fondatore), opératrice culturelle et essayiste, qui a présenté son nouveau livre consacré aux professions dans le Soroptimist. Ses recherches l’ont amenée à récupérer le nom et le profil professionnel de toutes les membres du Club Milano Fondatore depuis ses débuts jusqu’à nos jours : une démarche importante permettant de comprendre à quel point le Soroptimist a été en mesure d’anticiper, voire de favoriser, les changements sociaux dans le passé, ainsi que d’imaginer comment il pourrait le faire dans le futur (histoire, comme le dit si bien l’auteure, de « développer une pensée stratégique au féminin capable de transformer profondément l’organisation de la société et de la politique »).
L’après-midi est libre, mais la plongée dans la beauté n’est pas finie : pendant la visite de la Pinacoteca Ambrosiana, nous risquons d’être victimes du Syndrôme de Stendhal face aux chefs-d’oeuvre de Caravaggio, Botticelli, Leonardo da Vinci.
Le dîner de gala à l’Hôtel Westin Palace, où nous arrivons en équilibre sur nos talons, s’avère un moment à la fois officiel et convivial. Discours, échange de fanions, mais surtout échange d’idées et de vécus avec des membres de différents Clubs : on dirait que toute l’Italie Soroptimist est représentée dans la salle. Le concert au féminin de la pianiste Anna Gellan (Milano Fondatore), mettant en valeur les oeuvres de compositrices de talent qui n’ont pas de statue dans les grands théâtres ni grand statut dans l’histoire de la musique (en tout cas pas pour l’instant), accompagne parfaitement le délicieux repas, dans lequel ne pouvaient pas
manquer le risotto alla milanese ainsi qu’un appétissant gâteau d’anniversaire aux fruits multicolores.

Dimanche 21 octobre 2018
Les au revoir ont lieu après le repas de l’amitié au Grand Hôtel de Milan, qui ressource les Soroptimistes après une promenade matinale dans les nuages. Oui, parce que se balader tout en haut parmi les flèches et les dentelles en marbre du Duomo c’est l’expérience d’un rêve tout blanc et aérien, à la saveur surréaliste.

Un grand, chaleureux merci au Club Milano Fondatore, « vieille dame » du Soroptimist, et à ses premiers 90 ans de soutien aux femmes. Ses membres, avec la Présidente Francesca Poli et la past Présidente Elena Demarziani, nous ont réservé un accueil formidable.
Et un grand merci à notre Présidente Evelyne Berthoud, à notre Vice-Présidente Anne Simon et à toutes les amies de Genève-Rhône qui ont oeuvré sans répit pour nous faire profiter de cette belle escapade. Last but not least, l’enthousiasme et la sympathie de tous les participants ont fait le sel de ce magnifique week-end.

Buon compleanno Milano Fondatore !
Un abbraccio e grazie a tutti !

Paola Tedeschi-Pellanda
SI Club Genève-Rhône