SI Club de Genève-Rhône
Les Milanaises découvrent une Genève au féminin
Au printemps 2016, je reçois un courriel enthousiaste de Maria Luisa Frosio et de Bruna Floreani, présidente du Club Milano Scala qui me dit se rendre à Genève avec un groupe pour visiter le CERN le week-end du 23-24-25 septembre 2016. Tout aussi enthousiaste, je m’engage à les accueillir bien entendu et j’en informe mon dynamique comité. Mais voilà qu’en recevant le courriel suivant, j’ai quelques palpitations: en fait le fameux groupe que j’imaginais composer de quelques Soroptimistes va débarquer en car et en force: 61 personnes de plusieurs clubs milanais dont quelques sympathiques Fréroptimistes !!!
Le premier moment de stupeur passé, nous relevons le défi et nous lançons dans la préparation de cet accueil: réservations pour le café et le repas de midi au Kiosque des Bastions et surtout une balade culturelle à mettre en place. Christine Sayegh se lance dans la rédaction sur la base d’un parcours préparé en son temps par Sabine Lorenz, auquel nous ajoutons l’une ou l’autre femme, Paola Tedeschi traduit le tout en italien et Evelyne Berthoud, aux talents informatiques incontestés nous concocte de magnifiques dossiers avec images.
Et la joie est vraiment au rendez-vous ce samedi 24 septembre où nous voyons enfin celles dont nous parlons depuis des mois descendre de leur grand car à la place Neuve sous un ciel bleu limpide et un grand soleil. Un petit café rapide au Kiosque des Bastions et nous formons quatre groupes, trois italophones et un francophone, pour partir à la découverte de quelques grandes dames de Genève. Paola Tedeschi, Marcello son époux, Christine Sayegh, Evelyne Berthoud et moi-même nous improvisons guides d’un jour et la balade peut commencer, fiches au poing.
Les groupes sont bien répartis et découvrent tout d’abord le nom inscrit sur un bloc de ciment en face du Mur de la Réforme dans le Parc des Bastions de Marie Dentière (1495-1561), gente dame de la Réforme, brillante théologienne et intellectuelle. Dans une Epître bien utile, elle plaidait déjà pour une égalité entre femmes et hommes.
Vient ensuite le buste d’Antoine Carteret, directeur de l’Instruction publique qui soutint Marie Goegg-Pouchoulin (1826-1899), autodidacte favorable aux idées socialistes. Elle lança en 1872 une pétition avec 30 mères de famille en faveur de l’admission des jeunes filles à l’Université de Genève. Autorisation accordée en 1873.
Ensuite, nous quittons le Parc des Bastions pour monter dans la Vieille Ville et nous arrêter à la Place du Bourg de Four qui surplombe une bâtisse sur laquelle on peut voir une coquille St-Jacques. C’est là que se trouvait l’Auberge de la Coquille dirigée par une cuisinière de talent et maîtresse femme, Aimée Lacroix (1795-1857), dont on sait peu de choses mais dont le joli portrait effectué par le peintre Jean-Baptiste Bonjour, sous le charme, est visible dans la Maison Tavel.
Nous poursuivons notre chemin pour nous arrêter devant un bâtiment qui fut un couvent, puis un hôpital avant de devenir l’actuel Palais de Justice. Des Clarisses, sœurs des pauvres y vécurent jusqu’à la Réforme, période troublée et tourmentée, que relata très précisément Jeanne de Jussy (1503-1561), l’une d’entre-elles. En 1535, les Clarisses quittèrent Genève pour être accueillies à Annecy.
Ensuite, marche direction la cathédrale, la Place de la Taconnerie et la Maison de la Bourse française où vécut Amélie Munier-Romilly (1788-1875), artiste peintre de grand renom qui y installa son premier atelier. Ses portraits étaient très demandés et elle peignit plusieurs milliers de tableaux. Seule une vingtaine sont au Musée d’art et d’histoire et elle n’a jamais bénéficié d’une rétrospective.
La promenade en Vieille-Ville se termine devant une maison de maître, celle où vécut Albertine Necker de Saussure (1766-1841). Ayant reçu une excellente éducation pour son époque, férue de science, elle écrivit nombre d’ouvrages sur la pédagogie qui influencèrent son époque et les suivantes.
Nous redescendons enfin au Parc des Bastions pour un déjeuner sur le pouce car les Milanaises sont attendues à la Fondation Bodmer. Durant le parcours, les questions fusent et les Milanaises souhaitent recevoir les fiches afin de s’en inspirer pour un parcours semblable dans leur ville. Quant à nous, nous avons bien envie de répondre à l’invitation du Club Milan Fondateur qui fête ces 90 ans et de débarquer, toutes, en car Piazza del Duomo en 2018!
Brigitte Mantilleri
Présidente Genève-Rhône